A la Stéphane Guillon : Ah les automobilistes !

Ils sont pénibles parfois.

Par exemple quand j'emprunte ma rue à sens unique limité à 30, je suis un peu obligé de rouler au milieu car d'une part, les voitures garées à gauches dépassent souvent et masquent la visibilité (surtout les camionnettes), et d'autre part parce qu'il y a plein de trous et de bosses partout.
Là dessus la voiture qui me suit me klaxonne (je devais quand même rouler à 25), alors je me dis pourquoi tant de haine ?
Je m'arrête au milieu (donc elle aussi), je me porte à la hauteur de sa portière pour discuter et là dessus elle (la conductrice) accélère et s'en va !
Lui aurais-je fais peur ? Moi qui fait 55 kg tout mouillé. Ridicule.

Ce soir, je rentre peinard car ça verglace un peu, j'arrive à un feu rouge, je me met sur le sas. Au vert j'accélère modérément (peinard je vous dis), paf klaxon de la voiture qui me suit. Diantre. Suis-je dangereux ? Alors quand je ne comprends pas je deviens con, par exemple je me met en plein milieu. Evidemment la voiture a un peu trépigné (je l'entendais), et quand elle a pu doublé, elle m'a reklaxonné longuement. Encore ridicule me dis-je car il y a un autre feu plus loin et évidemment il est rouge.
Alors j'arrive peinard pour remonter la file et là, l'Abruti me coupe le passage à gauche en déboitant ! Ni une ni deux je ne réfléchi pas (je suis con je vous ai dit), je passe à droite de l'Abruti et revient à gauche de la voiture devant. Aussi bien je m'étalais devant lui, mais le tout puissant fut bienveillant. Je rappelle que j'ai un vélo couché avec des cales et ce genre d'acrobatie de dernière minute n'est pas recommandé.
Donc je continue sous les klaxons (à nouveau) du forcéné qui me dépasse 30 mètres plus loin en me (?) gratifiant d'un nouveau coup de klaxon. Les passants n'ont pas du comprendre pourquoi ce type klaxonnait sans arrêt.
Je l'appelle Abruti car sa voiture arborait un A rouge à l'arrière.

Que penser de tout cela ?
Doit-on seulement y penser ?

De retour du boulot, dans un bon élan, j'en oubliais les cales-pied que j'utilise depuis cette semaine pour mon trajet vélotaf, et PAF, ça n'a pas loupé, à un feu rouge je n'arrive pas à enlever le pied gauche et je tombe à gauche.
En fait ce n'est pas que j'ai oublié finalement, en y repensant je n'ai pas pu décrocher mon pied avant car je remontais la file de voiture au milieu et vu que c'était juste ça demandais une certaine concentration.
Heureusement j'ai vu venir et en mettant la main, j'ai évité de m'allonger complètement par terre devant les pollueurs en tank. Donc dans la dignité je me suis redressé et j'ai attendu le feu vert et ZOU, c'est reparti (avec une petite douleur à la cuisse droite qui s'est un peu tordue dans l'histoire).

Pour deux jours j'ai repris ma voiture au lieu du vélo couché pour aller au boulot.
C'est le retour à la normalité:

• pas de regard intéressé oua super le vélo
• pas de filles qui gloussent à mon passage Oh eh regarde le vélo ouarf ouarf ouarf
• pas de MiniCooper RedBull qui vient m'accoster (en roulant) en essayant de m'enrôler
• pas de coup de klaxon

Bon il y aussi que :

• on s'arrête aux feux rouges SVP
• on s'énerve dans les embouteillages en écoutant FIP
• on est dans son cocon, tout le monde a le sien

Bref on n'est plus un centre d'intérêt (momentané certe).
Finalement on s'habitue vite à être regardé autrement, à sentir qu'on a provoqué une réaction chez les gens, c'est plutôt amusant.

Et oui, encore le vélo !
Je lis en ce moment L'antimanuel d'écologie de Yves Cochet et c'est un plaisir de découvrir et lire quelqu'un d'aussi lucide sur le monde.
Parlant du vélo, je sens que c'est lui-même un adepte comme remplacement de la voiture car j'ai retrouvé dans son texte les sensations que j'ai moi-même éprouvées, je cite :
Le marcheur, le cycliste, consommeront leur énergie sans compter. ... Ils sont confrontés aux autres, à la matière du sol, aux odeurs et aux visions de la rue. En circulant à pied ou à bicyclette, nous abandonnons la logique productiviste de l'automobile, nous dépensons spectaculairement notre énergie corporelle.
Et précédemment en parlant de la voiture :
Avec la vitesse supposée de l'automobile se produit un épuisement du temps : plus on va vite, moins comptent le passé et le futur.

Bref, ce livre est passionnant, je continue ...

PS: j'ai commandé un vélo couché, le AZUB ECO, je ne sais pas quand je l'aurai, ça risque d'être long je crois.

Il faut être zen quand on fait du vélo en ville.
Ce midi je rentre chez moi pour manger et à un feu rouge, un 4x4 était arrêté en plein sur l'emplacement vert pour les vélos, je toque à sa vitre et je lui dis : "monsieur vous êtes à ma place". Là dessus il me répond : "pas du tout je ne suis pas à votre place, la route est à tout le monde, et puis vous n'avez pas à frapper à ma fenêtre comme ça". Bon, je me met devant lui en essayant de lui faire comprendre que je ne peux plus voir le feu mais il affiche un masque d'incommunicabilité...

Ce soir au même feu (tiens c'est vrai, je viens juste de m'en rendre compte), j'arrive par la droite près d'une voiture, le feu passe juste au vert je commence à longer la voiture qui d'un seul coup démarre et me bloque le passage à droite en se rabattant puis met son clignotant à droite (dans l'ordre). J'ai vraiment eu l'impression qu'elle (la conductrice) ne voulait absolument pas attendre juste que je continue tout droit avant de tourner.

L'autre jour, en arrivant au boulot, je percute une voiture qui grille un stop juste devant la piste cyclable. Bon j'avais rien mais la conductrice était toute affolée de n'avoir pas trouvé la pédale de frein (?). Je repars en lui disant que j'ai l'habitude, c'est pas grave. J'espère juste qu'elle regardera mieux la prochaine fois.

Une autre fois, je remonte une file de voiture en ayant les pieds à terre, je touche légèrement le rétroviseur d'une voiture. La conductrice me klaxonne en me faisant un signe de la main comme pour me gronder. J'hallucine.

Autre épisode : un matin après un feu qui vient de passer au vert je démarre et après 10 mètres je sens que la voiture qui m'arrive par derrière est très proche de mon côté gauche. Je retire vite fait ma main de ma poignée gauche et là, paf, le rétroviseur de la voiture percute mon guidon. J'ai un moment d'acrobatie pendant que je cherche à garder l'équilibre tout en entendant des dames sur le trottoir dire "Oh la la, Oh mon dieu". Résultat, je ne tombe pas, la voiture continue comme si de rien n'était...

La voiture rend con, je le vérifie tous les jours, les gens sont sur la défensive dès qu'on essaye de discuter, ils se sentent même agressé parce qu'on tapote sur leur vitre, c'est dingue. Ils ont peur que j'esquinte leur précieux véhicule ?
Pitoyable comportement.
J'imagine que la plupart des cyclistes ont renoncé à discuter avec les automobilistes tellement l'incompréhension est grande. A croire que ces gens ne font jamais de vélo, de moto, de roller, de balades à pied, bref autre chose que circuler en voiture. L'explication la plus logique est que dès qu'on rentre dans une voiture on ne pense plus qu'à son petit monde, on est dans une bulle, hermétique aux bruits, aux émanations, aux propos extérieurs, on écoute le cours de la bourse sur BFM, c'est le bonheur.

Vivement le pétrole à $1000 !

PS: si il y a beaucoup de conductrices dans mes histoires, ce n'est que pure coïncidence et cela ne signifie rien pour moi.