La semaine dernière j'ai suivi une formation sur Angular, le framework
de développement d'applications WEB.
A un moment donné est venu le sujet des formulaires. Vous savez les formulaires sont des écrans avec des champs de saisie et un bouton Valider
. Cela peut servir à valider une commande par exemple, après avoir entré son nom, son numéro de carte bleue, son adresse etc. Ce sont tout simplement des abstractions informatiques des formulaires papiers.
Et donc les participants de s'extasier (j'exagère un peu) devant les facilités qu'offre Angular pour réaliser les formulaires.
Là je me suis souvenu que dans les années 90 (avant internet oui), j'avais des collègues qui passaient leurs journées à faire des formulaires sur un système qui s'appelait (de mémoire) SQL Forms et qui était proposé par Oracle pour fonctionner directement avec la base de données.
Je relève donc cette anecdote amusante à la formation en soulignant que fonctionnellement on n'avait pas beaucoup progressé puisque le même type de formulaire existait il y a 30 ans. Simplement le système de développement était différent, et je n'étais pas certain qu'il était beaucoup plus difficile comparé à Angular (qui me parait quand même assez complexe).
Que n'avais-je pas dit là !
Ils m'ont assuré que c'était beaucoup mieux maintenant étant donné que le formulaire n'accédait pas directement à la base de données. En gros l'architecture logicielle était mieux, il y avait des interfaces pour séparer les différentes couches
etc. Je leur ai fait remarquer que tout cela étaient des considérations d'informaticien et que cela ne concernait pas l'utilisateur mais ils avaient un peu de mal à comprendre.
Ils étaient dans leur monde de développement logiciel, incapable de voir qu'un formulaire des années 90 remplissaient les mêmes fonctions qu'un formulaire des années 2020.
Tout cela pour dire quoi ?
Et bien je pense que l'informatique WEB est dans un égarement profond. Les informaticiens passent leur temps à refaire la roue et c'est particulièrement le cas dans le monde WEB. Ils ont presque oublié que le but de l'informatique est de rendre des services et sont obnubilés par des questions d'architecture, de compétition entre les frameworks
(il en existe des dizaines qui font à peu près tous la même chose), d'élégance du code, oui les informaticiens sont des esthètes. Les frameworks
deviennent assez vite obsolètes ou subissent une mode qui en fait parfois disparaître certains bien qu'ayant des qualités.
Le fait qu'il faille encore des jours de développement, à se prendre la tête avec des syntaxes compliquées, pour faire des formulaires, choses qui n'est pas si compliqué en soit, est assez symptomatique qu'en 30 ans on n'a pas beaucoup avancé. Et savoir le faire dans un système apporte peu d'aide quand on doit passer à un autre car il faut réapprendre. Il est difficile de capitaliser une expérience donc la durée de développement s'en ressent.
De nos jours, l'apparence de l'informatique donnée aux utilisateurs est beaucoup plus complexe que par exemple le Minitel que tout le monde était à peu près capable d'utiliser. Mais maintenant, les sites WEB sont très complexes et ont tendance à rebuter les utilisateurs qui ne les utilisent qu'occasionnellement.
Cela me fait aussi penser au système 3270 (de mémoire) utilisé dans les banques, entièrement en mode texte
, et qui semblait d'un maniement très rapide et efficace, du moins pour les opérateurs de banques mais qui n'étaient pas forcément des informaticiens.
Évidemment, c'est une idée générale, tout cela peut être nuancé.